Mahabalipuram (Mamallapuram), entre pêche et sculpture
Bordée par la baie du Bengale, à 1h15 de la capitale Chennai, toujours sur la côte du Coromandel, Mahabalipuram apparaît tel un trésor oublié sur la plage. Enfin, oublié… non plus maintenant, on voit bien qu’il a été retrouvé, et qu’il est protégé, classé au patrimoine mondial de l’UNESCO même ! Cette cité engloutie révèle au fil des années et des tempêtes, toute la richesse des temps passés, du temps où Mamallapuram était la plus grande ville portuaire de l’Empire des Pallavas, alors basés à Kanchipuram. L’afflux touristique a certes impacté la quiétude de ce village de sculpteurs et de pêcheurs, mais la visite des temples de Mamallapuram est absolument incontournable lors d’un circuit au Tamil Nadu.
Alors, on dit Mahabalipuram ou Mamallapuram ?
Les deux, mon capitaine ! Nombreux sont les habitants qui prononcent Mahâbalipuram (avec l’accent sur le « ha » et son h bien soufflé). Il faut reconnaître qu’une fois maîtrisée, la prononciation de « Mahâbalipuram » est pure délectation :). Pourtant le nom historique et celui qui a été choisi officiellement est celui de Mamallapuram. C’est ainsi qu’a été nommée la cité en hommage au Roi pallava, Narasimhavarman I, au VIIè siècle. Ce dernier était l’un des meilleurs lutteurs et de fait, il était surnommé « Mamallan » (« grand lutteur »). Ce Roi, plein de qualités en tout genre, ordonna la construction de ces chefs d’oeuvre architecturaux qui parsèment la Ville. Le nom de Mahâbalipuram provient quant à lui, d’une légende qui raconte comment le 5ème avatar de Vishnu, le géant Trivikrama, a tué le Roi démon (asura) Mahabali. Cette histoire de dieux est gravée dans le roc, et on peut la lire dans la grotte de Vahara, sur la colline de Mamallapuram.
Un tourisme de masse
Mamallapuram est peut-être la plus touristique des stations balnéaires du Tamil Nadu. En atteste la rue Otthavadai avec ses boutiques de (vieux) vêtements « ethniques » et ses restaurants destinés aux occidentaux, dont quelques-uns d’ailleurs, sont tenus par des français. Le petit village de sculpteurs et l’ambiance paisible d’autrefois a en effet laissé place à une bourgade hyper touristique avec son flot de jeunes vendeurs, un brin harceleurs. Les boutiques ont ainsi remplacé les nombreux ateliers de sculpture qui reliaient au son des maillets, les five rathas au fameux Temple du rivage.
Et la surnommée « Mahab’ » attire tout autant les touristes et pèlerins indiens. Ces derniers, curieux de visiter les temples monolithiques, et profiter de la plage, viennent d’abord pour le Temple Sthala Sayana Perumal l’un des 108 temples dédiés à Vishnu et mentionnés dans les Écritures Saintes. En période de fin d’année, ils arrivent souvent par le bus et par dizaines, vêtus de rouge, de leurs pieds nus et de leur espérance inébranlable.
Pourtant, bien avant la crise du coronavirus, les habitants observaient désarmés, une chute considérable de la fréquentation touristique. Une baisse due en partie selon eux, à l’explosion exagérée (mais franchement pour nous occidentaux, toute relative) des prix, sans pour autant, noter une amélioration des prestations hôtelières. Du coup, les gens viennent passer la journée à Mamallapuram et rentrent dormir dans leur hôtel à Chennai ou à Pondichéry… Il faut reconnaître que le charme du village n’est plus et que les seuls intérêts de s’y arrêter sont ces monuments rupestres. Mais encore une fois, le détour, même d’une journée, est indispensable.
On vient à Mamallapuram pour son temple sur la plage (temple du rivage)les cinq rathas et la Descente du Gange, (appelée aussi La pénitence d’Arjuna). Ces trois sites impressionnants se visitent facilement en une journée.
Que faut-il donc voir à Mahabalipuram?
Le Temple du rivage (shore temple)
Ce temple est l’un des plus anciens de toute l’Inde du Sud. Construit au VIIè-VIIIè siècle sous le règne de Narsimha Varma II, il représente une première esquisse du style dravidien, qui n’aura de cesse d’évoluer au fil des siècles suivants. Il est composé de trois sanctuaires, dont deux sont dédiés à Shiva et le troisième honore Vishnu que l’on peut admirer dans sa posture allongée. Il semblerait qu’il y eut sept temples à l’origine (les sept pagodes), mais les autres auraient été engloutis par le sable et la mer.
Les cinq rathas
À 1 km au sud du centre de Mamallapuram, cet ensemble de temples monolithiques taillés directement dans le roc est un parfait exemple de l’art pallava.
La Descente du Gange ou Pénitence d’Arjuna
Cet immense bas-relief de 27m sur 9m, serait le plus grand du monde. Il illustrerait un passage du Mahâbharatha où Arjuna effectue une pénitence afin d’obtenir un arc puissant de la part de Shiva. D’autres préfèrent penser que le personnage debout sur une jambe (en haut à gauche de l’image) est le Roi Bhagîratha. Retrouvez ICI les passionnantes légendes autour de cet ascète.
À l’arrière de cette fresque monumentale qui fait débat donc, il fait bon se détendre dans le parc en partie ombragé. La ballade autour de la colline de Mamallapuram, colline de rochers sculptés peut prendre deux heures ou une bonne demi-journée. On y découvre parsemés ça et là, des petits temples sculptés directement dans la roche, le phare de Mamallapuram ou la fameuse « butter ball« , la boule de beurre de Krishna.
La légende raconte que ni les rois, ni les éléphants n’ont été capables de déplacer cette énorme boule de pierre qui semble pourtant prête à dévaler. En même temps, elle est bien où elle est, pourquoi faudrait-il la contrarier?
Dans la liste des choses à faire à Mahabalipuram, le festival de danse de décembre à janvier, est vraiment une bonne raison de passer dans la région en cette période. Des représentations de toutes les danses de l’Inde du sud sont offertes dans les décors archéologiques de la ville. Des spectacles de plus en plus beaux au fil des ans! Et si vous y êtes encore le 14 janvier, vous aurez plaisir à participer à la fête de Pongal, célébrée dans tout le Tamil Nadu.
Où dormir? Où manger à Mahabalipuram?
Comme tous les endroits touristiques, hôtels, guesthouses et restaurants ne manquent pas. C’est ici l’occasion de se régaler avec du poisson grillé, des langoustes, ou des calamars! Les pêcheurs du village fournissent aux restaurants du poisson frais au quotidien. Attention cependant, c’est un endroit touristique, et quand la saison est calme certains restaurateurs n’hésiteraient pas à vendre des poissons plus très frais… Si vous préférez manger indien, vous n’aurez pas beaucoup de choix. On peut tout de même vous conseiller le restaurant (cantine) Mamalla, à côté du bus stand, toujours bondé. Vous pouvez aussi manger indien au restaurant de l’hôtel Mamalla (rien à voir avec la cantine), c’est bon mais un peu cher (250Rps le thali).
Pour dormir, vous n’aurez que l’embarras du choix. Enfin, il vaut mieux réserver quand même, surtout en période de fêtes de fin d’année, où les touristes indiens comme étrangers profitent de leurs congés. La plupart des hôtels sont autour d’Othavadai street, la rue touristique.
Pour plus de calme et de farniente, optez pour un guesthouse en vous faufilant dans les ruelles près de la plage.
Comment aller à Mahabalipuram?
Deux options s’offrent à vous: le bus ou le taxi.
Vous pouvez réserver un taxi à votre hôtel ou sur hiremetaxi.in . Comptez 2000Rps en provenance de Chennai ou de Kanchipuram, pour environ une heure de trajet. Un peu plus si vous venez de Pondichéry.
Certains bus vous déposent à l’entrée de la ville sur East Coast Road (ECR) et d’autres directement dans le centre-ville. Cliquez ici pour plus d’informations sur les moyens de transport pour aller à Mamallapuram.
Adresses et Numéros utiles
- Office du Tourisme
East Raja Street, Fisherman Colony
- Bureau de poste
NH-49A, Old Mahabalipuram Road
- Poste de police
Kovalam road
Tél: +91 44 2655 4750
En cas d’urgence, composez le 112