« La Promenade » à Pondichéry
Demandez « beach road » ou « beach rock », ou encore l’avenue Goubert, tous vous orienteront au même endroit, le front de mer de Pondichéry. Shri Madindia vous propose de découvrir ensemble ce lieu incontournable.
Empruntons donc cette avenue Goubert à partir de la rue Dupuy au nord, avec sur votre droite l’Institut français de Pondichéry et sur votre gauche le golfe du Bengale. Après avoir longé les murs gris qui dissimulent un terrain sportif destiné et réservé aux adeptes de l’ashram, nous passons devant une fontaine de pierre avant de découvrir le mémorial de la guerre de Kargil.
Le mémorial de la guerre de Kargil (Kargil war memorial)
Le conflit de Kargil oppose l’Inde et le Pakistan en 1999. Déclenchée par l’infiltration de soldats pakistanais et de combattants islamistes sur la partie indienne de la ligne de contrôle, cette guerre est un exemple des plus récents de guerres de montagne en haute altitude. Les températures extrêmes et le terrain montagneux ont posé de sérieux problèmes logistiques aux deux parties belligérantes. La contre-offensive indienne est immédiate avec l’opération « Vijay » (victoire en hindi) où 200 000 soldats sont envoyés dans la région du cachemire et des frappes aériennes effectuées par les Mirage 2000. L’armée pakistanaise se retire peu à peu et le 26 juillet 1999 marque la fin des combats. Cette victoire indienne est marquée chaque année par le Kargil Vijay Diwas (fête de la victoire de Kargil). Le mémorial de Pondichéry rend hommage aux 527 soldats indiens tués au combat.
L’ancien Phare de Pondichéry
Construit en 1836 par un ingénieur français, le phare était au départ une tour cannelé avec une base rectangulaire. Sa lumière fixe était visible à 29km au large. La base du bâtiment circulaire actuel date de la fin du XIXè siècle et le deuxième étage de la deuxième moitié du XXè. En 1931, la lumière fixe du phare est remplacée par une lampe tournante de 1000 watts. Les pannes étant régulières, en 1970, le phare est abandonné, remplacé par un tout nouveau au sud de la ville, dans le petit village de Karipalaiyam.
Gandhi thidal, la « place de Gandhi », au milieu de la Promenade
Poursuivons notre promenade jusqu’à la place de la République où se dresse majestueusement la statue du Mahatma Gandhi, le Gandhi Mandapam. De l’autre côté de l’avenue, une place souvent animée en soirée, communément appelée Gandhi thidal, sur laquelle trône une statue de Jawaharlal Nehru. À droite, le street food market fait le bonheur des habitants de la ville et des touristes. Il s’agit d’une sorte de petit marché où vous pourrez gôuter aux snacks locaux, toujours un peu épicés, mais délicieux et surtout introuvables dans les restaurants, même indiens.
La statue de Gandhi
Entourée de huit piliers de granit apporté de la ville-forteresse de Gingee (à 70km), cette statue sur le front de mer est la plus grande statue de Gandhi en Asie. Le Mahatma est généralement considéré comme le « Père de la nation » et sa statue est inaugurée le 26 janvier 1965 (le jour de la fête nationale Republic Day), pour les 15 ans de la République démocratique indienne. Notez que les piliers qui l’entourent ont été érigés bien avant, en 1888 et qu’un tunnel souterrain, sous la statue, rejoint la ville de Gingee (il est aujourd’hui fermé pour des raisons de sécurité).
Mohandas Karamchand Gandhi est né le 2 octobre 1869. Leader du nationalisme hindou sous la domination britannique, celui qu’on appelle le « Mahatma » (Grande âme) à travers le monde ou plus affectueusement, Bapu (« père ») en Inde, a inspiré le monde entier avec son mouvement de désobéissance civile non-violent qui conduit l’Inde à l’Indépendance. Le jour de son anniversaire est célébré chaque année en Inde comme le Gandhi Jayanti, c’est un jour férié. Depuis 2007, ce 2 octobre est également connu à travers le monde, comme la journée internationale de la non-violence.
La statue de Nehru
Figure de proue du mouvement indépendantiste et du Parti du Congrès, Jawaharlal Nehru, devient le premier premier ministre de l’Inde indépendante en août 1947. Proche de Gandhi, Nehru est né le 14 novembre 1889, il poursuit ses études au Royaume-Uni où il devient avocat. De retour en Inde, il s’engage dans la lutte pour l’indépendance pour laquelle il collabore avec Gandhi, devenu son maître. Si Gandhi veut une Inde autonome et traditionaliste, fondée sur le svadeshi*, Nehru est quant à lui plus moderniste, et surtout athée, il imagine pour l’Inde un socialisme démocratique, qui apporterait es bienfaits du socialisme et du capitalisme. Il meurt le 27 mai 1964 d’une crise cardiaque.
*De façon (très) simplifiée, on pourrait définir le svadeshi comme un concept visant à produire et consommer local, selon des besoins appropriés. Le svadeshi de Gandhi est symbolisé par le rouet.
Le Monument aux combattants des Indes françaises morts pour la patrie
Inauguré le 3 avril 1938, ce monument rend hommage aux valeureux soldats qui ont sacrifié leur vie pour leur pays lors de la première guerre mondiale. Il est illuminé chaque année à l’occasion du 14 juillet.
À l’arrière de l’édifice, un bas-relief en bronze illustre l’arrivée de Joseph françois Dupleix à Pondichéry en 1742.
Le Jardin de Jeanne d’Arc
Après « le Café » sur la plage, nous découvrons sur notre droite l’Hôtel de Ville, actuellement (2020) en reconstruction. En 2014, alors que d’importants travaux de rénovation ont commencé, la bâtisse du XIXè siècle (1870) s’effondre. Aujourd’hui, Pondichéry entreprend de la reconstruire à l’identique. En continuant, nous apercevons l’élégante église de Notre-Dame-des-Anges qui s’élève à l’arrière du jardin de Jeanne d’Arc. Ce petit square rénové en début d’année 2020 et inauguré lors du 5ème Pondichery Heritage Festival, est encore un clin d’oeil historique. Au centre, faisant face à l’église, trône la statue de la jeune héroïne française, populaire en Inde, pour les valeurs de résistance et d’indépendance qu’elle incarne. Ce jardin est d’autant plus célèbre qu’il dispose d’un terrain de pétanque…
Le Mémorial « Ambedkar Mani Mandapam »
Ce monument est un hommage à Bhimrao Ramji Ambedkar, homme politique, père de la Constitution indienne. Il est l’un des premiers intouchables à accéder aux études universitaires. Après des études de droit, d’économie et de sciences politiques, en Angleterre et aux États-Unis, il revient en Inde et y exerce son métier d’avocat. Sa réputation ne lui épargnera pas cependant les humiliations et les discriminations destinées à sa caste. Il s’engage alors dans la défense des dalit (intouchables) qu’il exhorte à s’organiser et réclame l’abolition du système des castes. À l’indépendance, J. Nehru le nomme Ministre de la Justice (1947-1951) et Président du Comité de rédaction de la Constitution. Dr. B.R. Ambedkar a consacré toute sa vie à lutter contre les discriminations sociales. Prenant conscience que le système des castes est inhérent à la religion hindoue, il se convertit au bouddhisme en 1956. Des milliers de dalit le suivront dans cette conversion. Il décède peu après le 6 décembre 1956 et recevra à titre posthume en 1990, la plus prestigieuse des décorations civiles indiennes, la Bharat Ratna.
La statue de Joseph François Dupleix, observant le front de mer
Au bout de la Promenade, dans une sorte de petit square, s’élève la statue de Dupleix, gouverneur de Pondichéry de 1742 à 1754. C’est en 1870 que cette statue de 2,88m est inaugurée, à l’époque sur la place face à la statue de Gandhi. Ensuite, elle est déplacée pour être installée à son emplacement actuel, à l’extrémité sud de la promenade. Le marquis Joseph François Dupleix est nommé gouverneur de Chandernagor, au Bengale en 1731. La ville prospère sous son administration, au point qu’en 1742, il est nommé gouverneur général de Pondichéry, et donc, de tous les établissements français en Inde. Doué en affaires, il ambitionnait d’acquérir des territoires pour la France et s’alliait avec des souverains indiens pour vaincre les anglais. La Compagnie Française des Indes Orientales, destinée au commerce, n’approuvant pas sa politique impériale le renvoya en France en 1754.